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Discours prononcé par S.A.R. le Grand-Duc à l’occasion du dîner de gala au Palais national d’Ajuda, le 7 septembre 2010 lors de la visite d'Etat du Couple grand-ducal au Portugal

07.09.2010

Discours de Son Altesse Royale le Grand-Duc prononcé à l'occasion de la Visite d'Etat du Couple grand-ducal au Portugal du 7 au 9 septembre 2010

Monsieur le Président, Chère Madame Cavaco Silva, Excellences, Mesdames et Messieurs,

C'est avec une très grande joie que la Grande-Duchesse et moi-même retrouvons le Portugal grâce à votre très gentille invitation à y effectuer une visite d'Etat.

Depuis que nous avons touché le sol portugais nous avons été reçus avec beaucoup d'amitié et d'affection. Au nom de tous ceux qui nous accompagnent, je souhaiterais exprimer ma plus vive reconnaissance pour cet accueil chaleureux qui reflète parfaitement les liens étroits qui existent entre nos deux peuples.

Monsieur le Président,

Il m'importe, avant toute chose, de rendre un hommage sincère au Portugal et à son peuple. J'aimerais le faire au nom de mon pays et de mes compatriotes. En effet, nous apprécions tous les jours l'apport particulièrement important des citoyens portugais au développement économique mais aussi social et culturel du Luxembourg. Des dizaines de milliers de vos concitoyens sont venus depuis plusieurs décennies s'installer et travailler au Luxembourg. Ils représentent aujourd'hui 17% de la population totale. Notre pays est devenu, proportionnellement à notre population, la terre d'accueil de la plus grande communauté portugaise à l'étranger. C'est un privilège et une chance de pouvoir compter sur cette communauté dévouée qui joue un rôle croissant dans la vie du pays. Je les en remercie de tout cœur.

Les Luxembourgeois sont pleinement conscients de cette chance et s'efforcent d'accueillir dignement et avec reconnaissance ces nouveaux arrivants. Ensemble avec les autorités nationales, ils veulent réussir leur intégration sociale et humaine dans le respect de leur identité et de leur culture. Certes, des défis nous attendent. Que ce soit dans les domaines de l'éducation, de la connaissance linguistique, de la formation professionnelle ou les problèmes causés par les aléas du marché du travail. Ensemble, nous pourrons, j'en suis sûr, résoudre ces difficultés.

Peu de peuples ont noué des liens aussi intenses que les Portugais et les Luxembourgeois. Nombreux sont mes compatriotes qui portent avec fierté leurs racines lusitaniennes. Nombreux sont également ceux qui, depuis l'introduction de la loi sur la double nationalité, veulent démontrer leur attachement tant au Luxembourg qu'au Portugal. La cohésion sociale est pour moi une des priorités absolues et il me semble que nous nous en approchons de plus en plus.

Permettez-moi d'évoquer ici l'histoire de ma propre famille qui est profondément marquée par le Portugal. Vous savez que du sang portugais coule dans mes veines grâce à mes deux arrière-grand-mères et à mon arrière-arrière-grand-mère qui étaient des princesses de Bragance, filles du roi Miguel. Le souvenir de ces filiations est toujours très vivant dans ma famille. Plus près de nous, j'aimerais également mentionner ma grand-mère, la Grande-Duchesse Charlotte, qui avec sa famille et plusieurs membres du gouvernement, ont été accueillis au Portugal en juin 1940 lorsqu'ils ont fui notre patrie, envahie et occupée. Elle a résidé plusieurs semaines à Cascais, avant de s'embarquer pour Londres d'où elle a continué à animer la flamme de la résistance luxembourgeoise et de la lutte contre l'occupant nazi. Nous nous rendrons demain à Cascais pour rendre hommage à la famille Espirito Santo et à la municipalité pour ce qu'elles ont fait pour le Luxembourg en ces temps difficiles.

Je souhaiterais également saluer, dans ce contexte et à l'occasion du 125ème anniversaire de sa naissance, le rôle exemplaire et extrêmement courageux joué par le Consul général portugais à Bordeaux, Monsieur Aristides de Sousa Mendes. C'est à ce grand homme que j'aimerai aujourd'hui rendre hommage. Il a non seulement permis le libre passage de Ma Famille, mais il a aussi aidé beaucoup de nos concitoyens dont de nombreux membres de notre communauté juive, à échapper aux griffes des nazis par la distribution massive de visas, et cela contre la politique dictée par Salazar.

Aujourd'hui, je constate, qu'au-delà du phénomène exceptionnel de l'immigration au Luxembourg, un dynamisme extraordinaire marque nos relations bilatérales. Nous ne comptons plus les jumelages entre localités, les coopérations très prometteuses entre universités et centres de recherche, les multiples et profitables liens économiques qui se nouent continuellement entre nos milieux d'affaires.

Je suis très heureux de la fréquence élevée des contacts entre nos responsables politiques. Nous avions ainsi beaucoup apprécié votre geste d'amitié, Monsieur le Président, de vous rendre au Luxembourg en mars 2007 pour marquer le premier anniversaire de votre accession à la plus haute fonction de l'Etat.

Monsieur le Président,

Je voudrais également dire combien nous apprécions le Portugal en tant que partenaire européen solide et loyal qui a su insuffler de grandes avancées à l'idée européenne. Le Traité de Lisbonne est là pour nous rappeler les importants progrès réalisés par la dernière Présidence portugaise. Ce traité nous donne de nouvelles procédures décisionnelles plus efficaces qui nous permettent de mieux affronter les crises. Son adoption illustre la capacité de l'Union à surmonter les blocages et les obstacles que d'aucuns prédisaient comme infranchissables. Cet épisode nous rend plus optimiste car ensemble nous viendrons à bout de la crise économique qui nous frappe tous.

Il y a quelques semaines, nous avons fêté les 25 ans du traité de Schengen. Ce traité a introduit une révolution dans les mentalités en permettant le passage d'une Europe divisée par ses frontières à une Europe de la libre circulation de ses citoyens. C'est d'ailleurs grâce à la technologie informatique d'avant-garde portugaise que les contrôles aux frontières ont pu être facilités fin 2007, suite à l'Elargissement.

Le rôle de pionnier, de précurseur et d'explorateur correspond à une longue tradition portugaise. Tout au long de son histoire, votre pays a montré la voie, que ce soit sur les mers avec Magellan ou dans le domaine intellectuel avec des penseurs comme Spinoza qui ont marqué le monde.

Nous nous réjouissons de découvrir à l'occasion de cette visite une facette essentielle du Portugal moderne. Le Portugal de la recherche scientifique. Vous aviez vous-même, Monsieur le Président, visité une exposition à Luxembourg; cela en 2007, montrant le haut niveau de la recherche portugaise dans le domaine des nouvelles technologies. Nous aurons l'occasion de découvrir cette recherche qui fait la renommée du Portugal lors de notre visite à l'université de Coimbra. Les responsables luxembourgeois de la recherche scientifique en sont déjà pleinement conscients. L'université de Luxembourg ou le Centre de Recherche Public Henri Tudor ont conclu des accords de coopération avec les principales universités du Portugal et je sais qu'en marge de cette visite d'autres contacts de haut niveau seront noués.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Les liens qui nous unissent sont plus que la simple somme de l'amitié entre individus. C'est le destin de nos deux Nations qui se retrouve irrémédiablement lié.

C'est dans cet esprit que je vous invite, ensemble avec la Grande-Duchesse, à lever votre verre à la santé du Président de la République portugaise et de Mme Cavaco Silva, à l'amitié entre les Portugais et les Luxembourgeois dans une Europe toujours plus unie.