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Allocution de S.A.R. le Grand-Duc lors du dîner offert à Son Excellence le Président de la République italienne et de Madame Giorgio Napolitano

02.02.2009

Discours de Son Altesse Royale le Grand-Duc à l'occasion de la Visite d'Etat de Son Excellence le Président de la République italienne et de Madame Giorgio Napolitano le 2 février 2009 au Palais grand-ducal

Monsieur le Président, Madame Napolitano,

Permettez-moi d'abord de vous souhaiter une très chaleureuse bienvenue au Grand-Duché de Luxembourg. Au-delà du plaisir personnel qu'elle nous procure, à la Grande-Duchesse comme à moi-même, votre visite au pays réjouit l'ensemble de mes compatriotes.

L'Italie exerce en effet un attrait et un charme considérables sur les individus, mais, a aussi marqué d'une empreinte indélébile le devenir d'un Etat partenaire et ami.

C'est ainsi avec raison que nous rendons hommage aux immigrés venus des différentes régions italiennes à la fin du XIXème siècle pour contribuer à l'essor d'une sidérurgie performante et faire entrer le Luxembourg agraire dans l'ère industrielle. L'apport de ces ouvriers italiens fut d'autant plus méritoire que les conditions de travail de l'époque étaient très pénibles. Ce n'est que grâce à leur engagement et à leur ardeur au travail que ces obstacles ont pu être vaincus.

L'immigration italienne eut un autre effet, moins immédiat, mais peut-être encore plus déterminant, sur le plan des mentalités celui-là. Les rapports entre les autochtones et les immigrés n'avaient rien d'évident, ni de naturel au début.

L'indifférence - mais non l'hostilité - prédominait pour peu à peu laisser la place à des échanges plus cordiaux.

Il faudra de longues décennies pour que le mouvement de l'intégration se mette en place et s'intensifie. Une fois lancé cependant, plus rien ne l'arrêtera. Il y a quelque chose d'émouvant et d'encourageant à retrouver de nos jours ces nombreux Luxembourgeois à consonance italienne, qui tout en gardant au fond de leur cœur l'amour de la patrie de leur ancêtres, assument de hautes responsabilités au sein de la société civile et politique de leur pays d'accueil ou d'adoption.

Certains d'entre eux sont d'ailleurs parmi nous ce soir et témoignent de cette histoire peu commune.

Pour le Grand-Duché de Luxembourg, cette expérience concluante a véritablement montré le chemin. L'ouverture dont il se targue aujourd'hui et qui est ressentie comme une grande force par ses habitants est le fruit de rencontres successives avec les autres. L'arrivée des Italiens fut la première et la plus décisive: sa portée dépasse de très loin sa dimension symbolique.

Monsieur le Président,

Ces liens privilégiés qui unissent nos deux peuples trouvent tout naturellement leur prolongement sur le plan institutionnel. La récurrence à intervalles réguliers des visites d'Etat entre nos deux pays est une preuve d'amitié et de confiance durables.

Nous sommes fiers d'accueillir en vous ce soir un homme d'Etat qui incarne à lui seul un pan entier de l'histoire politique de son pays. Votre parcours exceptionnel suscite l'admiration de vos pairs par-delà les frontières politiques. Et votre exemple génère le respect de vos compatriotes.

Il montre que l'on peut concilier un engagement idéologique marqué par l'impartialité qui sied au service de l'Etat, la vigueur du combat politique et le détachement qui est le propre de la sagesse.

Tout au long de votre parcours hors du commun, une cause y tient une place essentielle, celle de l'Europe, et plus précisément celle de l'Europe politique.

En accueillant vos hôtes lors du cinquantième anniversaire de la signature des traités instituant les Communautés européennes, à Rome en mars 2007, vous avez insisté sur cette dimension du projet européen, qui a toujours été portée par des Italiens illustres, comme De Gasperi et Spinelli.

Force est de constater que malgré les succès remarquables de la construction européenne, cette ambition demande encore pour sa plus grande part à se concrétiser.

L'union politique ne se décrète pas et n'avance qu'à petits pas. Sachez cependant que le Luxembourg, conscient comme l'Italie de sa responsabilité particulière comme pays fondateur, reste fidèle au pacte originel et qu'il fera tout ce qui lui est possible, aux cotés de ses amis italiens, pour lui donner corps.

Comme vous l'avez remarqué si justement: "Nous pouvons bien dire qu'après cinquante ans, la nécessité d'une forte union politique s'est faite impérieuse pour l'Europe, non plus de 6 mais des 27."

Monsieur le Président, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Au moment où la gravité de la conjoncture économique internationale inquiète même les plus optimistes de nos concitoyens, l'Union européenne est confrontée à un défi extraordinaire. Nous sommes bien conscients que nos Etats-nations seuls ne pèsent que peu face aux problèmes économiques et sociaux que nous devrons résoudre.

Pour autant, ne sombrons pas dans le défaitisme. Il y a des signes tangibles que la solidarité européenne est en train de se renforcer entre Etats, comme entre ses habitants. De nouvelles méthodes prennent forme. En somme, la crise économique et financière pourrait faire d'une nécessité une vertu. Je pense bien que l'Europe de demain sera plus forte, parce qu'elle aura fait la preuve de sa cohésion face aux difficultés.

Monsieur le Président, Madame Napolitano, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Fruit de l'histoire et de la culture, les liens qui unissent l'Italie et le Luxembourg sont plus forts qu'une simple amitié, ils sont plus forts qu'un partenariat solide. Le destin italien est aussi un peu le nôtre.

C'est dans cet esprit qu'avec la Grande-Duchesse, je lève mon verre en l'honneur du Président de la République italienne et de son épouse et vous invite à boire à l'avenir rayonnant des relations entre nos deux pays.